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Clervil se tait. Il jette ses regards sur Franval ; il le voit pétrifié par la douleur ; ses yeux étaient fixes, il en coulait des larmes, mais aucune expression ne pouvait arriver sur ses lèvres. Clervil lui demande les raisons de l’état de nudité dans lequel il le voit : Franval le lui apprend en deux mots. Ah ! monsieur, s’écria ce généreux mortel, que je suis heureux même au milieu des horreurs qui m’environnent, de pouvoir au moins soulager votre état. J’allais vous trouver à Bâle, j’allais vous apprendre tout, j’allais vous offrir le peu que je possède… Acceptez-le, je vous en conjure ; je ne suis pas riche, vous le savez… mais voilà cent louis… ce sont mes épargnes, c’est tout ce que j’ai… J’exige de vous… Homme généreux, s’écrie Franval, en embrassant les genoux de cet honnête et rare ami, à moi ?… Ciel ! ai-je besoin de quelque chose après les pertes que j’essuie ! et c’est vous… vous que j’ai si mal traité… c’est vous qui volez à mon secours. — Doit-on se souvenir des injures quand le malheur ac-