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larmes, à l’attendrir de ses remords ; telles étaient, monsieur, les tableaux sinistres qui frappèrent mes yeux : quand j’entrai chez vous, madame de Franval me reconnut… elle me pressa les mains… les mouilla de ses pleurs, et prononça quelques mots que j’entendis avec difficulté, ils ne s’exhalaient qu’à peine de ce sein comprimé par les palpitations du venin… elle vous excusait… elle implorait le ciel pour vous… elle demandait sur-tout la grâce de sa fille… Vous le voyez, homme barbare, les dernières pensées, les derniers vœux de celle que vous déchiriez étaient encore pour votre bonheur. Je donnai tous mes soins ; je ranimai ceux des domestiques, j’employai les plus célèbres gens de l’art… je prodiguai les consolations à votre Eugénie ; touché de son horrible état, je ne crus pas devoir les lui refuser ; rien ne réussit : votre malheureuse femme rendit l’âme dans des tressaillemens… dans des supplices impossibles à dire… à cette funeste époque, monsieur, je vis un des effets subits du remords qui m’avait été inconnu