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de me placer ailleurs. Dorgeville calme ce fidèle domestique, il lui conseille de ne point quitter ses maîtres, et l’assure qu’il peut être tranquille sur le sort de Cécile, que du moment qu’elle est assez malheureuse pour être abandonnée aussi cruellement de sa famille, il prétend à jamais lui tenir lieu de père. Saint-Surin, en pleurant, embrasse les genoux de Dorgeville, et lui demande en même temps la permission de lui donner la réponse à la lettre qu’il a reçue de Cécile ; Dorgeville s’en charge avec plaisir, et revient auprès de son intéressante protégée, qu’il ne console pas autant qu’il l’aurait voulu.

Hélas ! monsieur, dit Cécile, quand elle apprend la dureté de sa famille, je devais m’y attendre, je ne me pardonne point, étant sûre de ses procédés, comme je devais l’être, de ne vous avoir pas épargné une visite aussi désagréable, et ces mots furent accompagnés d’un torrent de larmes, que le bienfaisant Dorgeville essuya, en protestant à Cécile de ne l’abandonner jamais.