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de ce lieu funeste en se dirigeant du côté de Valmor. Connaissant mal les environs d’une terre dans laquelle il n’a été que la seule fois où nous l’y avons vu, il s’égare dans les routes obscures de cette forêt entièrement inconnue de lui…… Épuisé de fatigue, anéanti par la douleur… dévoré d’inquiétude, tourmenté de la tempête, il se jette à terre, et là, les premières larmes qu’il ait versé de sa vie viennent par flots inonder ses yeux… Infortuné, s’écrie-t-il, tout se réunit donc pour m’écraser enfin… pour me faire sentir le remords… c’était par la main du malheur qu’il devait pénétrer mon âme ; trompé par les douceurs de la prospérité, je l’aurais toujours méconnu. Ô toi, que j’outrageai si grièvement, toi, qui deviens peut-être en cet instant la proie de ma fureur et de ma barbarie !…… épouse adorable… le monde, glorieux de ton existence, te posséderait-il encore ? La main du ciel a-t-elle arrêté mes horreurs ?… Eugénie ! fille trop crédule…… trop indignement séduite par mes abominables artifices… la na-