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siner un père qui ne respire que pour toi. Choisis, choisis donc, Eugénie, et si c’est moi que tu condamnes, ne balance pas, fille ingrate, déchire sans pitié ce cœur dont trop d’amour est le seul tort, je bénirai les coups qui viendront de ta main, et mon dernier soupir sera pour t’adorer ».

Franval se tait pour écouter la réponse de sa fille ; mais une réflexion profonde paraît la tenir en suspens… elle s’élance à la fin dans les bras de son père. Ô toi que j’aimerai toute ma vie, s’écrie-t-elle, peux tu douter du parti que je prends ? peux-tu soupçonner mon courage ? Arme à l’instant mes mains, et celle que proscrivent ses horreurs et ta sûreté, va bientôt tomber sous mes coups ; instruis-moi, Franval, règle ma conduite, pars, puisque ta tranquillité l’exige… j’agirai pendant ton absence, je t’instruirai de tout ; mais quelque tournure que prennent les affaires… notre ennemie perdue, ne me laisse pas seule en ce château, je l’exige… viens m’y reprendre, ou fais-moi part des