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dame de Franval traversant dans tout notre repos, et sa détestable existence, le plus sûr empêchement à notre félicité.

» Eugénie, Eugénie, poursuit Franval avec chaleur, en prenant les deux mains de sa fille… chère Eugénie, tu m’aimes, veux-tu donc, dans la crainte d’une action… aussi essentielle à nos intérêts, perdre à jamais celui qui t’adore ! ô, chère et tendre amie, décides-toi, tu n’en peux conserver qu’un des deux ; nécessairement parricide, tu n’as plus que le choix du cœur, ou tes criminels poignards doivent s’enfoncer ; ou il faut que ta mère périsse, ou il faut renoncer à moi… que dis-je, il faut que tu m’égorges moi-même… Vivrais-je, hélas ! sans toi ? crois-tu qu’il me serait possible d’exister sans mon Eugénie ? résisterais-je au souvenir des plaisirs que j’aurais goûté dans ces bras… à ces plaisirs délicieux éternellement perdus pour mes sens ? Ton crime, Eugénie, ton crime, est le même en l’un et l’autre cas ; ou il faut détruire une mère qui t’abhorre, et qui ne vit que pour ton malheur, ou il faut assas-