Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui nous inspire sans cesse, ne mit point en nous l’amour du prochain avant celui que nous nous devons à nous-même… d’abord nous, et les autres ensuite, voilà la marche de la nature, aucun respect, par conséquent, aucun ménagement pour les autres, si-tôt qu’ils ont prouvé que notre infortune ou notre perte était le seul objet de leurs vœux ; se conduire différemment, ma fille, serait préférer les autres à nous, et cela serait absurde. Maintenant, venons aux motifs qui doivent décider l’action que je vous conseille.

» Je suis obligé de m’éloigner, vous en savez les raisons ; si je vous laisse avec cette femme, avant un mois, gagnée par sa mère, elle vous ramène à Paris, et comme vous ne pouvez plus être mariée après l’éclat qui vient d’être fait, soyez bien sûre que ces deux cruelles personnes, ne deviendront maîtresses de vous, que pour vous faire éternellement pleurer dans un cloître, et votre faiblesse et nos plaisirs. C’est votre grand-mère, Eugénie, qui poursuit contre moi,