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incessamment rentrer sous son aile les deux objets chéris qui s’en séparaient. Franval montra ses lettres à sa femme ; elle prit à l’instant la plume pour calmer sa mère, pour l’engager à une façon de penser différente, et pour lui peindre le bonheur dont elle jouissait depuis que l’infortune avait amolli l’âme de son malheureux époux ; elle assurait d’ailleurs qu’on emploierait en vain toute sorte de procédés pour la faire revenir à Paris avec sa fille, qu’elle était résolue de ne point quitter Valmor que l’affaire de son mari ne fût arrangée ; et que si la méchanceté de ses ennemis, ou l’absurdité de ses juges, lui faisaient encourir un arrêt qui dût le flétrir, elle était parfaitement décidée à s’expatrier avec lui. Franval remercia sa femme ; mais n’ayant nulle envie d’attendre le sort que l’on lui préparait, il la prévint qu’il allait passer quelque temps en Suisse, qu’il lui laissait Eugénie, et les conjurait toutes deux de ne pas s’éloigner de Valmor que son destin ne fût éclairci ; que, quel qu’il fût, il reviendrait tou-