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Rien ne se démentit à la campagne ; assiduités, égards, attentions, respects, preuves de tendresse d’une part… du plus violent amour de l’autre, tout fut prodigué, tout séduisit la malheureuse Franval… Au bout du monde, éloignée de sa mère, dans le fond d’une solitude horrible, elle se trouvait heureuse puisqu’elle avait, disait-elle, le cœur de son mari, et que sa fille, sans cesse à ses genoux, ne s’occupait que de lui plaire.

Les appartemens d’Eugénie et de son père ne se trouvaient plus voisins l’un de l’autre ; Franval logeait à l’extrêmité du château, Eugénie, tout près de sa mère ; et la décence, la régularité, la pudeur, remplaçaient à Valmor, dans le degré le plus éminent, tous les désordres de la capitale. Chaque nuit Franval se rendait auprès de son épouse, et le fourbe, au sein de l’innocence, de la candeur et de l’amour, osait impudemment nourrir l’espoir de ses horreurs. Assez cruel pour n’être pas désarmé par ces caresses naïves et brûlantes, que lui prodiguait la plus délicate des femmes,