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amie… il le faut dès l’heure même, et les voitures nous attendent… Madame de Franval effrayée, n’ose plus rien répondre ; elle se prépare : un desir de Franval n’est-il pas un ordre pour elle. Le traître vole à sa fille ; il la conduit aux pieds de sa mère ; la fausse créature s’y jette avec autant de perfidie que son père : elle pleure, elle implore sa grâce, elle l’obtient. Madame de Franval l’embrasse ; il est si difficile d’oublier qu’on est mère, quelqu’outrage qu’on ait reçu de ses enfans… la voix de la nature est si impérieuse dans une âme sensible, qu’une seule larme de ces objets sacrés, suffit à nous faire oublier dans eux, vingt ans d’erreurs ou de travers.

On partit pour Valmor. L’extrême diligence qu’on était obligé de mettre à ce voyage légitima aux yeux de madame de Franval, toujours crédule et toujours aveuglée, le petit nombre de domestique qu’on emmenait. Le crime évite les regards… il les craint tous ; sa sécurité ne se trouvant possible que dans les ombres du mystère, il s’en enveloppe quand il veut agir.