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rends-moi mon épouse… et fuyons. — Fuir, grand dieu ! — Mon aventure fait du bruit… je puis être perdu demain… Mes amis, le ministre, tous m’ont conseillé un voyage à Valmor… Daigneras-tu m’y suivre, ô mon amie ! serait-ce à-l’instant où je demande à tes pieds mon pardon, que tu déchirerais mon cœur par un refus ? — Tu m’effraies… Quoi, cette affaire !… — Se traite comme un meurtre, et non comme un duel. — Oh dieu ! et c’est moi qui en suis cause !… Ordonne… ordonne : dispose de moi, cher époux… Je te suis, s’il le faut, au bout de la terre… Ah ! je suis la plus malheureuse des femmes ! — Dis la plus fortunée sans doute, puisque tous les instans de ma vie vont être consacrés à changer désormais en fleurs les épines dont j’entourais tes pas… un désert ne suffit-il pas quand on s’aime ? D’ailleurs ceci ne peut être éternel ; mes amis prévenus, vont agir. — Et ma mère… je voudrais la voir… — Ah ! garde-t-en bien, chère amie, j’ai des preuves sûres qu’elle aigrit les parens