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aux pieds de son épouse tous les papiers contrefaits de la prétendue correspondance de Valmont. Brûlez tout cela, chère amie, je vous conjure, poursuit le traître, avec des larmes feintes, et pardonnez ce que la jalousie m’a fait faire : bannissons toute aigreur entre nous ; j’ai de grands torts, je le confesse ; mais qui sait si Valmont, pour réussir dans ses projets, ne m’a point noirci près de vous bien plus que je ne le mérite… s’il avait osé dire que j’eusse pu cesser de vous aimer… que vous n’eussiez pas toujours été l’objet le plus précieux et le plus respectable qui fût pour moi dans l’univers ; ah ! cher ange, s’il se fût souillé de ces calomnies, que j’aurais bien fait de priver le monde d’un pareil fourbe et d’un tel imposteur ! Oh ! monsieur, dit madame de Franval en larmes, est-il possible de concevoir les atrocités que vous enfantâtes contre moi ? Quelle confiance voulez-vous que je prenne en vous après de telles horreurs ? — Je veux que vous m’aimiez encore, ô la plus tendre et la plus aimable des femmes !