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ministre, de n’y aller, dis-je, qu’accompagné de sa femme et de sa fille… Mais madame de Franval acceptera-t-elle ? se sentant coupable de l’espèce de trahison qui a occasionné tout ce qui arrive, pourra-t-elle s’éloigner autant ? osera-t-elle se confier sans crainte aux bras d’un époux outragé ? Telle est l’inquiétude de Franval ; pour savoir à quoi s’en tenir, il entre à l’instant chez sa femme, qui savait déjà tout.

Madame, lui dit-il avec sang-froid, vous m’avez plongé dans un abîme de malheurs par des indiscrétions bien peu réfléchies ; en en blâmant l’effet j’en approuve néanmoins la cause, elle est assurément dans votre amour pour votre fille et pour moi ; et comme les premiers torts m’appartiennent, je dois oublier les seconds. Chère et tendre moitié de ma vie, continue-t-il, en tombant aux genoux de sa femme, voulez-vous accepter une réconciliation que rien ne puisse troubler désormais ; je viens vous l’offrir, et voici ce que je mets en vos mains pour la sceller… Alors il dépose