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le maître… quoi ! c’est vous, monsieur ?… c’est monsieur Dorgeville qui est le protecteur de notre malheureuse maîtresse. Je vais vous annoncer à ses parens, monsieur ; mais je vous préviens qu’ils sont cruellement en colère ; je doute que vous réussissiez à les raccommoder avec leur fille ; quoiqu’il en soit, monsieur, continua Saint-Surin, qui paraissait un garçon d’esprit, et d’une figure agréable, ce procédé fait trop d’honneur à votre âme pour que je ne vous mette pas le plutôt possible à même d’en hâter le succès… Saint-Surin monte aux appartemens, il prévient à l’instant ses maîtres, et reparaît au bout d’un quart-d’heure. On consentait à voir monsieur Dorgeville, puisqu’il s’était donné la peine de venir d’aussi loin pour une telle affaire ; mais on était d’autant plus peiné qu’il s’en fût chargé, qu’on ne voyait aucun moyen de lui accorder ce qu’il venait solliciter en faveur d’une fille maudite, et qui méritait son sort par l’énormité de sa faute. Dorgeville ne s’effraie point ; on l’introduit ; il trouve dans monsieur et