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Franval instruit, ne perd pas un instant, il se rend à la poste, il demande pour quelle route on a donné des chevaux depuis six heures du soir. À sept, il est parti une berline pour Lyon, à huit, une chaise de poste pour la Picardie ; Franval ne balance pas, la berline de Lyon ne doit assurément pas l’intéresser, mais une chaise de poste faisant route vers une province où madame de Farneille a des terres, c’est cela, en douter, serait une folie ; il fait donc mettre promptement les huit meilleurs chevaux de la poste sur la voiture dans laquelle il se trouve, il fait prendre des bidets à ses gens, achète et charge des pistolets pendant qu’on attelle, et vole comme un trait où le conduisent l’amour, le désespoir et la vengeance. En relayant à Senlis, il apprend que la chaise qu’il poursuit, en sort à peine… Franval ordonne qu’on fende l’air ; pour son malheur, il atteint la voiture ; ses gens, et lui, le pistolet à la main, arrêtent le postillon de Valmont, et l’impétueux Franval reconnaissant son adversaire, lui