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tême, vous ne lui inculquez aucun principe, où ne soit gravée votre condamnation ; et si son bras attente un jour à votre vie, vous aurez vous-même aiguisé les poignards.

Votre manière de raisonner, si différente de celle des gens de votre état, répondit Franval, va m’engager d’abord à de la confiance, monsieur ; je pourrais nier votre inculpation ; ma franchise à me dévoiler vis-à-vis de vous, va vous obliger, je l’espère, à croire également les torts de ma femme, quand j’emploierai, pour vous les exposer, la même vérité qui va guider l’aveu des miens. Oui, monsieur, j’aime ma fille, je l’aime avec passion, elle est ma maîtresse, ma femme, ma sœur, ma confidente, mon amie, mon unique dieu sur la terre, elle a tous les titres enfin qui peuvent obtenir les hommages d’un cœur, et tous ceux du mien lui sont dûs ; ces sentimens dureront autant que ma vie ; je dois donc les justifier, sans doute, ne pouvant parvenir à y renoncer.

Le premier devoir d’un père envers sa