Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

long-temps qu’elle l’avait pu ; mais se voyant enfin hors d’état d’en pouvoir imposer davantage, elle avait tout avouée, et reçue dès-lors de si mauvais traitemens de son père et de sa mère, qu’elle avait pris le parti de se sauver. Il y avait quelques jours qu’elle était dans les environs, ne sachant à quoi se déterminer, et ne pouvant se résoudre à abandonner tout-à-fait la maison paternelle, ou les domaines qui l’avoisinaient, lorsque saisie par les grandes douleurs, elle s’était résolue à tuer son enfant et peut-être elle-même après ; quand Dorgeville lui était apparu et avait daigné lui offrir tant de secours et de consolations.

Ces détails, soutenus d’une figure enchanteresse, et de l’air du monde le plus naïf et le plus intéressant, pénètrèrent bientôt l’âme sensible de Dorgeville. Mademoiselle, dit-il à cette infortunée, je suis trop heureux que le ciel vous ai offert à moi ; j’y gagne deux plaisirs bien précieux à mon cœur, et celui de vous avoir connue, et celui bien plus doux encore d’être à-peu-près certain de ré-