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toutes les actions humaines, de les considérer toutes comme des résultats nécessaires d’une puissance, telle qu’elle soit, qui tantôt bonne et tantôt perverse, mais toujours impérieuse, nous inspire tour-à-tour, ce que les hommes approuvent ou ce qu’ils condamnent, mais jamais rien qui la dérange ou qui la trouble, celui-là, dis-je, vous en conviendrez, monsieur, peut se trouver aussi heureux, en se conduisant comme je le fais, que vous l’êtes dans la carrière que vous parcourez ; le bonheur est idéal, il est l’ouvrage de l’imagination ; c’est une manière d’être mû, qui dépend uniquement de notre façon de voir et de sentir ; il n’est, excepté la satisfaction des besoins, aucune chose qui rendent tous les hommes également heureux ; nous voyons chaque jour un individu le devenir, de ce qui déplaît souverainement à un autre ; il n’y a donc point de bonheur certain, il ne peut en exister pour nous d’autre, que celui que nous nous formons en raison de nos organes et de nos principes. — Je le sais, monsieur