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doute le sort que je vous destine, et je vole y donner mes soins. Arrête, Franval, s’écrie cette malheureuse, n’ébruite pas ton déshonneur, n’apprends pas toi-même au public, que tu es à-la-fois parjure, faussaire, incestueux et calomniateur… Tu veux te défaire de moi, je te fuirai, j’irai chercher quelqu’asyle où ton souvenir même échappe à ma mémoire… tu seras libre, tu seras criminel impunément… oui, je t’oublierai… si je le puis, cruel, ou si ta déchirante image ne peut s’effacer de mon cœur, si elle me poursuit encore dans mon obscurité profonde… je ne l’anéantirai pas, perfide, cet effort serait au-dessus de moi, non, je ne l’anéantirai pas, mais je me punirai de mon aveuglement, et j’ensevelirai dès-lors dans l’horreur des tombeaux, l’autel coupable où tu fus trop chéri… À ces mots, derniers élans d’une âme accablée par une maladie récente, l’infortunée s’évanouit et tomba sans connaissance. Les froides ombres de la mort s’étendirent sur les roses de ce beau teint, déjà flétries par l’aiguillon du