Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.

serment que j’ai eu affaire à eux. — Ils le feront, madame, n’en doutez pas ; m’auraient-ils eux-mêmes prévenus de votre conduite, s’ils n’étaient décidés à soutenir ce qu’ils ont déclaré ? l’un d’eux devait même, sans moi, vous faire assigner aujourd’hui… Des pleurs amères jaillissent alors des beaux yeux de cette malheureuse femme ; son courage cesse de la soutenir, elle tombe dans un accès de désespoir, mêlé de symptômes effrayans, elle frappe sa tête contre les marbres qui l’entourent, elle se meurtrit le visage. Monsieur, s’écrie-t-elle, en se jetant aux pieds de son époux, daignez vous défaire de moi, je vous en supplie, par des moyens moins lens et moins affreux ; puisque mon existence gêne vos crimes, anéantissez-la d’un seul coup… ne me plongez pas si lentement au tombeau… Suis-je coupable de vous avoir aimé ?… de m’être révoltée contre ce qui m’enlevait aussi cruellement votre cœur ?… Eh bien ! punis-m’en, barbare, oui, prends ce fer, dit-elle, en se jetant sur l’épée de son mari,