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un léger outrage à la déesse que vous révérez, quel sectateur n’aurez-vous pas ramené dans son temple ? Ah ! madame, je n’en appelle qu’à votre raison. Par la conduite que j’ose vous prescrire, vous ramenez à jamais Franval, vous le captivez éternellement ; il vous fuit, par une conduite contraire, il s’échappe pour ne plus revenir ; oui, madame, j’ose le certifier, ou vous n’aimez pas votre époux, ou vous ne devez pas balancer.

Madame de Franval, très-surprise de ce discours, fut quelque temps sans y répondre ; reprenant ensuite la parole, en se rappellant les regards de Valmont, et ses premiers propos. Monsieur, dit-elle, avec adresse, à supposer que je cédasse aux conseils que vous me donnez, sur qui croiriez-vous que je dusse jeter les yeux pour inquiéter davantage mon mari ? Ah ! s’écria Valmont, ne voyant pas le piège qu’on lui tendait ; chère et divine amie… sur l’homme de l’Univers qui vous aime le mieux, sur celui qui vous adore depuis qu’il vous connaît, et qui jure à vos pieds de