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cieuse ; beauté bien plus vive que sa mère, si elle n’a pas tout-à-fait, comme ta femme, cette langueur qui s’empare de l’âme avec tant de volupté, elle a ce piquant qui nous dompte, qui semble en un mot, subjuguer tout ce qui voudrait user de résistance ; si l’une a l’air de céder, l’autre exige ; ce que l’une permet, l’autre l’offre, et j’y conçois beaucoup plus de charmes. — Ce n’est pourtant pas Eugénie que je te donne, c’est sa mère. — Eh, quelle raison t’engage à ce procédé ? — Ma femme est jalouse, elle me gêne, elle m’examine ; elle veut marier Eugénie, il faut que je lui fasse avoir des torts, pour réussir à couvrir les miens, il faut donc que tu l’aies… que tu t’en amuses quelque temps… que tu la trahisses ensuite… que je te surprenne dans ses bras… que je la punisse, ou qu’au moyen de cette découverte j’achète la paix de part et d’autre dans nos mutuelles erreurs… mais point d’amour, Valmont, du sang-froid, enchaîne-là, et ne t’en laisse pas maîtriser ; si le sentiment s’en mêle,