Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.

détermine à prêter de tels torts ; livrons-nous rarement aux soupçons du vice ; ils sont souvent l’ouvrage de notre amour-propre, presque toujours le fruit d’une comparaison sourde, qui se fait au fond de notre âme ; nous nous pressons d’admettre le mal, pour avoir droit de nous trouver meilleurs. En y réfléchissant bien, ne vaudrait-il pas mieux, madame, qu’un tort secret ne fût jamais dévoilé, que d’en supposer d’illusoires par une impardonnable précipitation, et de flétrir ainsi sans sujet, à nos yeux, des gens, qui n’ont jamais commis d’autres fautes que celles que leur a prêté notre orgueil ; tout ne gagne-t-il pas d’ailleurs à ce principe ? N’est-il pas infiniment moins nécessaire de punir un crime, qu’il n’est essentiel d’empêcher ce crime de s’étendre ? En le laissant dans l’ombre qu’il recherche, n’est-il pas comme anéanti ? le scandale est sûr en l’ébruitant, le récit qu’on en fait, réveille les passions de ceux qui sont enclins au même genre de délits ; l’inséparable aveuglement du crime flatte