Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si peu de prix pour ces êtres froids et inanimés, engourdis par le luxe des villes, desséchés par leur corruption, qui ne connaissent de la société que les douleurs ou les minuties, parce que cette franchise… cette candeur… cette douce cordialité qui en resserrent si délicieusement les nœuds, ne se trouvent qu’avec les habitans de la campagne, il semble que ce n’est que sous un ciel pur, que les hommes peuvent l’être également, et que ces exhalaisons ténébreuses qui chargent l’atmosphère des grandes villes, souillent de même le cœur des malheureux captifs qui se condamnent à ne pas quitter leur enceinte. Au mois de septembre, enfin, Dorgeville projetta d’aller rendre visite à un voisin qui l’avait accueilli à son arrivée dans la province, et dont l’âme douce et compatissante, paraissait s’arranger à la sienne.

Il monte à cheval, suivi d’un seul valet, et s’achemine vers le château de cet ami, éloigné de cinq lieues du sien. Dorgeville en avait à peu-près fait trois, lorsqu’il entend derrierre une haie qui