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que peignît Michel-Ange au sein de la douleur ; elle ignorait cependant encore ce qui devait completter son tourment. La façon dont on instruisait Eugénie, les choses essentielles qu’on lui laissait ignorer, ou dont on ne lui parlait que pour les lui faire haïr ; la certitude qu’elle avait, que ces devoirs, méprisés de Franval, ne seraient jamais permis à sa fille ; le peu de temps qu’on lui accordait pour voir cette jeune personne, la crainte que l’éducation singulière qu’on lui donnait, n’entraînât tôt ou tard des crimes, les égaremens de Franval enfin, sa dureté journalière envers elle… elle qui n’était occupée que de le prévenir, qui ne connaissait d’autres charmes que de l’intéresser ou de lui plaire ; telles étaient jusqu’alors les seules causes de son affliction. De quels traits douloureux cette âme tendre et sensible, ne serait-elle pas pénétrée, aussi-tôt qu’elle apprendrait tout.

Cependant l’éducation d’Eugénie continuait ; elle-même avait desiré de suivre ses maîtres jusqu’à seize ans, et ses ta-