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malheur de Dorgeville était de juger toujours les autres d’après son cœur ; et ce systême l’ayant rendu malheureux jusqu’alors, il n’était que trop vraisemblable qu’il acheverait de le rendre tel, le reste de ses jours.

Ainsi pensait, quoiqu’il en pût être, l’honnête homme dont nous racontons l’histoire, lorsque le sort vint lui présenter d’une façon bien singulière l’être qu’il cru destiné à partager sa fortune, qu’il imagina fait pour le don précieux de son cœur.

Dans cette intéressante saison de l’année, où la nature ne paraît nous faire ses adieux, qu’en nous accablant de ses dons, où ses soins infinis pour nous, ne cessent de se multiplier pendant quelques mois, pour nous prodiguer tout ce qui peut nous faire attendre en paix le retour de ses premières faveurs, à cette époque où les habitans de la campagne se fréquentent le plus, soit en raison des chasses… des vendanges, ou de quelques autres de ces occupations si douces à qui chérit la vie rurale, et de