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sa vie même, si ce tendre ami de son âme eût pu l’exiger.

Il n’en était pas de même des mouvemens du cœur de mademoiselle de Franval pour sa respectable et malheureuse mère. Le père, en disant adroitement à sa fille que madame de Franval, étant sa femme, exigeait de lui des soins qui le privaient souvent de faire pour sa chère Eugénie, tout ce que lui dictait son cœur, avait trouvé le secret de placer dans l’âme de cette jeune personne bien plus de haîne et de jalousie, que de la sorte de sentimens respectables et tendres qui devaient y naître pour une telle mère.

Mon ami, mon frère, disait quelquefois Eugénie à Franval, qui ne voulait pas que sa fille employât d’autres expressions avec lui… cette femme que tu appelles la tienne, cette créature qui, selon toi, m’a mise au monde, est donc bien exigeante, puisqu’en voulant toujours t’avoir près d’elle, elle me prive du bonheur de passer ma vie avec toi… Je le vois bien, tu la préfères à ton Eu-