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le même jour, les autres venaient le lendemain. Trois fois la semaine, Eugénie allait au spectacle avec son père, dans de petites loges grillées et louées à l’année pour elle. À neuf heures, elle rentrait et soupait. On ne lui servait alors que des légumes et des fruits. De dix à onze, quatre fois la semaine, Eugénie jouait avec ses femmes, lisait quelques romans et se couchait ensuite. Les trois autres jours, ceux où Franval ne soupait pas dehors, elle passait seule dans l’appartement de son père, et ce temps était employé à ce que Franval appellait ses conférences. Là, il inculquait à sa fille ses maximes sur la morale et sur la religion ; il lui offrait, d’un côté, ce que certains hommes pensaient sur ces matières, il établissait de l’autre ce qu’il admettait lui-même.

Avec beaucoup d’esprit, des connaissances étendues, une tête vive, et des passions qui s’allumaient déjà, il est facile de juger des progrès que de tels systêmes faisaient dans l’âme d’Eugénie ; mais comme l’indigne Franval n’avait