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reçu le jour. Si Eugénie ne connaît rien, madame, répondit Franval, si on lui cache avec soin ces maximes elle ne saurait être malheureuse ; car si elles sont vraies, l’Être-Suprême est trop juste pour la punir de son ignorance, et si elles sont fausses, quelle nécessité y a-t-il de lui en parler ? À l’égard des autres soins de son éducation, fiez-vous à moi, je vous prie ; je deviens dès aujourd’hui son instituteur, et je vous réponds que, dans quelques années, votre fille surpassera tous les enfans de son âge. Madame de Franval voulut insister, appellant l’éloquence du cœur au secours de celle de la raison, quelques larmes s’exprimèrent pour elle ; mais Franval, qu’elles n’attendrirent point, n’eut pas même l’air de les appercevoir ; il fit enlever Eugénie, en disant à sa femme que, si elle s’avisait de contrarier en quoi que ce pût être, l’éducation qu’il prétendait donner à sa fille, ou qu’elle lui suggérât des principes différens de ceux dont il allait la nourrir, elle se priverait du plaisir de la voir, et qu’il enverrait sa