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était que dans ces courts momens accordés à sa tendresse, Franval pût rencontrer au moins tout ce qu’elle croyait nécessaire à la félicité de cet époux chéri.

La meilleure de toutes les preuves pourtant, que Franval ne s’écartait pas, toujours de ses devoirs, c’est que dès la première année de son mariage, sa femme, âgée pour-lors de seize ans et demi, accoucha d’une fille encore plus belle que sa mère, et que le père nomma dès l’instant Eugénie…… Eugénie, à la fois l’horreur et le miracle de la nature.

Monsieur de Franval qui, dès que cet enfant vit le jour, forma sans doute sur elle les plus odieux desseins, la sépara tout de suite de sa mère. Jusqu’à l’âge de sept ans, Eugénie fut confiée à des femmes dont Franval était sûr, et qui, bornant leurs soins à lui former un bon tempérament et à lui apprendre à lire, se gardèrent bien de lui donner rancune connaissance des principes religieux ou moraux, dont une fille de cet âge doit communément être instruite.