Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus beau flegme qu’il avait considéré cette charmante personne.

La femme qui nous appartient, disait-il, est une espèce d’individu que l’usage nous asservit ; il faut qu’elle soit douce, soumise… fort sage, non que je tienne beaucoup aux préjugés du déshonneur, que peut nous imprimer une épouse quand elle imite nos désordres ; mais c’est qu’on n’aime pas qu’un autre s’avise d’enlever nos droits ; tout le reste, parfaitement égal, n’ajoute rien de plus au bonheur.

Avec de tels sentimens dans un mari, il est facile d’augurer que des roses n’attendent pas la malheureuse fille qui doit lui être liée. Honnête, sensible, bien élevée, et volant par amour au devant des desirs du seul homme qui l’occupait au monde, madame de Franval porta ses fers les premières années sans soupçonner son esclavage ; il lui était aisé de voir qu’elle ne faisait que glaner dans les champs de l’hymen, mais trop heureuse encore de ce qu’on lui laissait, sa seule étude, son attention la plus exacte,