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gnarde, et s’enlace tellement en rendant les derniers soupirs, dans les bras de celle qu’il chérit, il l’étraint avec tant de violence, qu’aucune main humaine ne put les séparer… Tous deux furent mis dans le même cercueil, et déposés dans ; la principale église de Sancerre, où les vrais amans vont quelquefois encore, verser des larmes sur leur tombe, et lire avec attendrissement les vers suivans, gravés sur le marbre qui les couvre, et que Louis XII ne dédaigna point de composer :

» Plorez amans, comme vous ils s’aimèrent,
» Sans toutefois qu’hymen les réunit ;
» Par de beaux nœuds, tous deux ils se lièrent,
» Et la vengeance à jamais les rompit.

La seule comtesse survécut à ces crimes, mais pour les pleurer toute sa vie : elle se jeta dans la plus haute piété, et mourut dix ans après religieuse à Auxerre, laissant la communauté édifiée de sa conversion, et véritablement attendrie de la sincérité de ses remords.