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elle vole à son appartement ; elle ouvre la funeste salle qu’éclaire à peine une faible lueur, et dans laquelle Monrevel, un poignard à la main, attend son rival pour le renverser. Dès qu’il voit paraître quelqu’un, que tout doit lui faire prendre pour l’ennemi qu’il cherche, il s’élance impétueusement, frappe sans voir, et laisse à terre, dans des flots de sang, l’objet chéri pour lequel il eût mille fois donné tout le sien. « Traître, s’écrie aussitôt la comtesse, en paraissant avec des flambeaux : voilà comme je me venge de tes mépris ; reconnais ton erreur, et vis après si tu le peux. » Amélie respirait encore : elle adresse, en gémissant, quelques mots à Monrevel. Ô doux ami, lui dit-elle, affaiblie par la douleur et par l’abondance du sang qu’elle perd… Qu’ai-je fait pour mériter la mort de ta main ?… Sont-ce donc là les nœuds que m’apprêtaient ma mère ? Vas, je ne te reproches rien : le ciel me fait tout voir en ces derniers instans… Monrevel, pardonne-moi de t’avoir déguisé mon amour. Tu dois savoir ce qui m’y con-