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en se précipitant dans les bras de la comtesse ! puissiez-vous lire au fond de mon cœur les sentimens dont vous m’animez… Puissiez-vous… Non, non, dit madame de Sancerre, en se dégageant des bras de sa fille ; non, votre reconnaissance est inutile ; dès que votre bonheur est fait, le mien l’est aussi : ne nous occupons que de votre déguisement.

L’heure approchait. Amélie prend les habits qu’on lui présente. La comtesse ne néglige rien de tout ce qui doit la faire ressembler au jeune parent de Clotilde, pris par Monrevel pour le seigneur de Salins : à force d’art, c’est à s’y tromper. Elle sonne enfin cette heure fatale… Partez, dit la comtesse : volez, ma fille, votre amant vous attend… Cette intéressante créature qui craint que la nécessité d’un prompt départ l’empêche de revoir sa mère, se jette en larmes sur son sein. La comtesse, assez fausse pour cacher les atrocités qu’elle médite, sous des dehors apparens de tendresse, embrasse sa fille ; elle mêle ses pleurs aux siennes. Amélie s’arrache,