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c’est de mes mains que je veux vous le voir prendre… alors, dis-je, vous vous vengerez du premier crime, et vous préviendrez le second… Vous le voyez, homme injuste, c’est moi qui veux armer le bras qui doit punir l’objet de votre haine, c’est moi qui vous rend à celle que vous devez aimer… m’accablerez-vous encore de vos reproches ?… Ingrat, voilà comme je paie tes mépris… va, cours à la vengeance, Amélie t’attend dans mes bras… Donnez, madame, dit Monrevel, trop irrité pour balancer encore, donnez, rien ne m’empêche plus d’immoler mon rival à ma rage ; je lui ai proposé les voies de l’honneur, il les a refusées, c’est un lâche, il en doit subir le sort… donnez, je vous obéis.

Le châtelain sort… À peine eut-il quitté la Comtesse, que celle-ci se hâte de mander sa fille. Amélie, lui dit-elle, nous devons maintenant être sûres de l’amour du chevalier, nous devons l’être également de sa valeur ; toutes nouvelles épreuves deviendraient inutiles : j’acquiesce enfin à vos desirs, mais comme