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mettre à la tête de son bien, et de réparer au moins par la fortune qu’il allait trouver, celle qu’il avait eu le malheur de perdre.

Dorgeville, au désespoir d’une foule d’incidens, à la fois si fâcheux et si flétrissans, accourt à Larochelle, n’y réalise que trop les funestes nouvelles qu’on lui a mandées ; et renonçant dès-lors au commerce, qu’il s’imagine ne pouvoir plus soutenir après tant de malheurs, d’une partie de ce qui lui reste, il fait face aux engagemens de ses correspondans d’Amérique, trait de délicatesse unique, et de l’autre il forme le dessein d’acheter une campagne auprès de Fontenay, en Poitou, où il puisse passer le reste de ses jours dans le repos… dans l’exercice de la charité et de la bienfaisance, les deux plus chères vertus de son ame sensible.

Ce projet s’exécute. Dorgeville, cantonné dans sa petite terre, soulage des pauvres, console des vieillards, marie des orphelins, encourage l’agriculteur, et devient, en un mot, le dieu du petit