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ah ! mon père. Puissai-je ne l’avoir jamais conduit dans cette maison, dit Charles, en pressant Antonio sur son sein ; l’ennui, la solitude… ton absence, toutes ces causes l’ont sans doute entraînée dans le crime affreux que mes yeux n’ont que trop découvert ! — Ah ! gardez-vous bien de m’en persuader, mon père, dans la fureur où je suis… je ne répondrais peut-être pas de ses jours… Mais cet Urbain… ce monstre ! que nous comblions de bontés… c’est sur lui que va retomber toute ma rage… Me l’abandonnez-vous, mon père ? — Calme-toi, Antonio… convains-toi, ta tranquillité l’exige ; mais à quoi servirait ton courroux ? — À me venger d’un traître, à punir une perfide. — Pour elle, non, je m’y oppose, mon fils… au moins jusqu’à ce que tu sois éclairé ; peut-être me trompai-je, ne condamne pas cette infortunée, et sans que tes yeux aient vu son crime, et sans que tu aies entendu ce qu’elle peut dire pour le justifier. Passons la nuit tranquille, Antonio, et demain tout s’éclaircira. — Mais, mon