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reuse en de semblables crises, était la perfide Camille, point encore démasquée aux yeux de sa maîtresse ; elle se jette dans les bras de cette créature ; elle lui raconte ce qui s’est passé, fond en larmes, et conjure sa duegne de tout mettre en usage pour faire parvenir secrètement une lettre à son mari ; Camille enchantée de prouver son zèle à Charles en trahissant aussi-tôt Laurence, se charge de la commission ; mais cette charmante femme trop circonspecte pour accuser le père de son époux, se plaint seulement à Antonio du mortel ennui qui la dévore dans la maison de Charles ; elle peint le desir qu’elle a d’en être dehors, la nécessité dont il serait qu’elle pût l’aller joindre à l’instant, ou qu’il vint au moins la voir un seul jour.

Cette lettre n’est pas plutôt écrite, qu’elle est remise à Charles par Camille ; Strozzi l’ouvre avec précipitation, et ne peut s’empêcher, malgré toute sa fureur, d’admirer la sage retenue de cette jeune personne, qui vivement outragée