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rien ; elle a perdu son amant, mais elle peut tout pour la fortune de son père ; qu’elle se taise, et le bonheur encore peut luire pour elle. — Des plaintes, sénateur, moi des plaintes… madame peut imaginer que j’en veuille faire ; oh ! non, il est une sorte d’outrage dont une femme ne doit jamais se plaindre… elle ne le pourrait sans s’avilir elle-même, et des aveux dont elle serait forcé de rougir, alarmeraient bien plus sa pudeur, que les réparations qu’elle en recevrait ne satisferaient sa vengeance. Ouvrez-moi, sénateur, ouvrez-moi, et comptez sur ma discrétion. — Ernestine, vous allez être libre… je vous le répète, votre sort est entre vos mains. Je le sais, reprit fièrement Ernestine, ce sont elles qui vont me l’assurer. Quelle imprudence, s’écria la Scholtz ; oh ! comte, je n’aurais jamais consenti de partager un crime avec vous, si je vous avais cru tant de faiblesse. Ernestine ne nous trahira point, dit le comte, elle sait que je l’aime encore… elle sait que l’hymen peut être le prix de son silence. Ah ! ne