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geaient dans les flots de leur sang. Du sein de ces infortunées, le monarque voit s’élever Florinde, telle qu’elle était le jour qu’il en abusa… « Rodrigue, lui crie-t-elle, tes crimes épouvantables ont attiré les ennemis dans ton royaume ; mon père me venge, mais il ne me rend ni l’honneur ni la vie ; j’ai perdu l’un et l’autre ; toi seule en es la cause ; tu me retrouveras encore une fois, Rodrigue, mais redoute ce fatal instant, il sera le dernier de ta vie ; c’est à moi seule qu’est réservée la gloire de venger toutes les malheureuses que tu vois ». Le fier espagnol tourne la tête, et passe avec son guide dans une troisième salle.

Au milieu de cette pièce était une statue énorme, qui représentait le Temps ; elle était armée d’une massue, et frappait la terre de minutes en minutes, avec un bruit si épouvantable, que toute la tour en était ébranlée. « Misérable prince, s’écria cette statue, ton mauvais destin t’amène dans ces lieux ; apprends-y du moins la vérité, sache