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Vous ne mourrez pas Laurence vous ne mourrez pas, je vous le jure, si vous accordez à Charles ce qu’il exige de vous ; je ne vous réponds de rien sans cela. — Eh bien ! à supposer que je fusse assez faible pour céder à tes odieuses instances, et que je payasse ma liberté de mon honneur, t’imagines-tu malgré tes affreux raisonnemens, que j’oserais m’offrir à mon époux, souillée d’un crime aussi abominable… En venant d’être la maîtresse du père, aurais-je le front de devenir la femme du fils ? Crois-tu que cette horreur serait long-temps ignorée de lui ; fussai-je même parvenue à vaincre toutes mes répugnances, de quel œil me verrait Antonio, quand il aurait su mon ignominie ? Non, non, encore une fois Camille, j’aime mieux mourir honorée de lui, que de m’y conserver par une action faite pour mériter son mépris ; c’est le cœur, c’est l’estime de mon époux qui font le charme de ma vie, toute la douceur en serait troublée, si je n’étais plus digne de l’un et de l’autre ; dût-il même ignorer ce que j’aurais fait d’affreux pour me rendre à lui,