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revers que la sienne vient d’éprouver, aurai-je acquis quelques droits au cœur de ma chère Henriette, et me nommera-t-elle encore son plus cruel ennemi ?… Ô généreux bienfaiteur ! s’écrie la jeune miss, trop prompte à saisir la chimère qui vient la caresser un instant, quel Dieu vient vous inspirer ces desseins, et comment est-il que vous daigniez changer aussi promptement la destinée de la triste Henriette ? Vous me demandez quels droits vous aurez acquis sur mon cœur ? Tous les sentimens de ce cœur sensible, qui n’appartiendront pas au malheureux Williams, seront à jamais à vous, je serai votre amie, Granwel… votre sœur… votre confidente ; iniquement occupée de vous plaire, j’oserai vous demander pour unique grâce de passer ma vie près de vous, et d’en employer tous les instans à vous témoigner ma reconnaissance… Ah ! réfléchissez-y mylord… les sentimens d’une âme libre, ne sont-ils pas préférables à ceux que vous vouliez arracher, vous n’auriez jamais eu qu’une