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d’essuyer tes larmes ? pourquoi veux-tu m’ôter cette jouissance ? En m’épousant avec la fortune qui devait t’appartenir, tu ne m’aurais rien dû, mon ami, et je t’unis maintenant à moi par les liens de l’amour, et par les tendres nœuds de la reconnaissance. Williams arrose de ses pleurs les mains de sa maîtresse, et l’excès du sentiment qui l’embrase, l’empêche de trouver des expressions qui puissent peindre ce qu’il éprouve. Lady Stralson survient comme nos deux amans anéantis dans les bras l’un de l’autre, font passer mutuellement dans leur âme le feu divin qui les consume ; sa fille lui apprend alors ce que Williams n’ose dire, et termine ce récit en demandant pour grâce à sa mère de ne rien changer aux dispositions dans lesquelles elle a toujours été. Viens mon cher, dit la bonne Stralson après avoir tout appris, viens, dit-elle en jetant ses bras autour du cou de Williams, nous t’aimions riche, nous t’aimerons encore mieux pauvre, n’oublie jamais deux bonnes amies, et repose-toi sur elles du