Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porteurs ; il a l’air de donner des ordres à quelques valets d’en aller chercher d’autres, miss Stralson pénètre au fond des appartemens où la conduit la maîtresse du lieu, et quand elle est arrivée dans un salon charmant, la prétendue lady s’incline, et dit à Granwel d’un air effronté : bien du plaisir mylord, en vérité je ne vous l’aurais pas donné plus jolie. Ici Henriette frémit, ses forces sont prêtes à l’abandonner, elle sent toute l’horreur de sa position, mais elle a la force de se contenir… sa sûreté en dépend ; elle s’arme de courage. Que signifient ces propos, madame, dit-elle en saisissant le bras de la Schmit, et pour qui me prend-on ici ? Pour une fille charmante miss, répond Granwel, pour une créature angélique, qui dans l’instant, je l’espère, va rendre le plus, fortuné des hommes, le plus amoureux des amans. Mylord, dit Henriette en ne lâchant jamais la Schmit, je vois bien que mon imprudence me fait dépendre de vous ; mais j’implore votre justice ; si vous abusez de ma situation, si vous me