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Courval,… elle vint au monde un an après vous,… je vous adorais, je craignis que cette fille ne vous fît tort, qu’à dessein de la marier un jour, on ne prît sur le bien qui devait vous appartenir ; pour vous le conserver plus entier, je résolus de me débarrasser de cette fille, et de mettre tout en usage pour que mon époux à l’avenir ne recueillît plus de fruit de nos nœuds. Mes désordres m’ont jeté dans d’autres travers, et ont empêché l’effet de ces nouveaux crimes, en m’en faisant commettre de plus épouvantables ; mais pour cette fille, je me déterminai sans aucune pitié à lui donner la mort ; j’allais exécuter cette infamie de concert avec la nourrice que je dédomageais amplement, lorsque cette femme me dit qu’elle connaissait un homme, marié depuis bien des années, desirant chaque jour des enfans, et n’en pouvant obtenir, qu’elle me déferait du mien sans crime et d’une manière peut-être à la rendre heureuse, j’acceptai fort vîte. Ma fille fut portée la nuit même à la porte de cet homme avec une lettre dans son berceau :