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je le connais depuis mon enfance, et notre voyageur fixant alors madame de Courval, lui répondit avec une sorte de trouble involontaire… vous malheureuse… madame… oh juste ciel, pouvez vous l’être autant que nous !

On s’assied… l’état de madame de Courval se peindrait difficilement… elle jette les yeux sur ce cavalier… elle les replonge à terre… elle soupire avec agitation… monsieur de Courval pleure, et son fils tâche à le calmer, en le suppliant de lui prêter attention. Enfin la conversation prend un tour plus réglé.

J’ai tant de choses à vous dire monsieur, dit le jeune Courval, que vous me permettrez de supprimer les détails pour ne vous apprendre que les faits ; et j’exige votre parole ainsi que celle de madame, de ne les pas interrompre que je n’aie fini de vous les exposer.

« Je vous quittai à l’âge de quinze ans, monsieur, mon premier mouvement fut de suivre ma mère que j’avais l’aveuglement de vous préférer ; elle était séparée de vous depuis bien des années ; je la re-