Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 2, 1799.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bouleversée par tant de fléaux, persécutée par autant de chagrins, je priai monsieur de Saint-Prât de me chercher quelque retraite où je pus finir mes jours dans la solitude la plus profonde, et dans les devoirs les plus rigoureux de ma religion ; il me proposa celui où vous m’avez trouvé, monsieur ; je m’y établis dès la même semaine, n’en sortant que pour venir voir deux fois le mois mon cher protecteur, et pour passer quelques instans chez madame de Lérince. Mais le ciel, qui veut chaque jour me frapper par des coups sensibles, ne me laissa pas jouir long-temps de cette dernière amie, j’eus le malheur de la perdre l’an passé ; sa tendresse pour moi n’a pas voulu que je me séparasse d’elle à ces cruels instans, et c’est également dans mes bras qu’elle rendit les derniers soupirs.

Mais qui l’eût pensé, monsieur ? cette mort ne fut pas aussi tranquille que celle de madame de Verquin ; celle-ci n’ayant jamais rien espéré, ne redouta point de tout perdre ; l’autre sembla frémir de voir disparaître l’objet certain de son espoir ;