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au milieu de leurs amusemens que l’impitoyable mort vient trancher le fil de leurs jours, et vivant, sans jamais s’occuper de cet instant fatal, vivant comme s’ils devaient exister toujours, ils disparaissent dans ce nuage obscur de l’immortalité, incertains du sort qui les y attend.

Permettez, monsieur, que j’interrompe un moment le récit de mes aventures, pour vous parler de cette perte, et pour vous peindre le stoïcisme effrayant qui accompagna cette femme au tombeau.

Madame de Verquin qui n’était plus jeune, elle avait pour lors cinquante deux ans, après une partie folle pour son âge, se jeta dans l’eau pour se rafraîchir, elle s’y trouva mal, on la rapporta chez elle dans un état affreux, une fluxion de poitrine se déclara dès le lendemain ; on lui annonça le sixième jour qu’elle avait à peine vingt-quatre heures à vivre. Cette nouvelle ne l’effraya point ; elle savait que j’allais venir, elle recommanda qu’on me reçût ; j’arrive, et d’après la sentence du médecin, c’était