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timens confus s’élevèrent alors dans mon âme, une voix secrète semblait me dire : « oui, tant que tu respireras, cette malheureuse victime t’arrachera des larmes de sang, qui deviendront chaque jour plus cuisantes ; et l’aiguillon de tes remords s’aiguisera sans cesse au lieu de s’émousser ».

Voilà l’état où j’arrivai à Nancy, monsieur, mille nouveaux chagrins m’y attendaient ; quand une fois la main du sort s’appesantit sur nous, ce n’est qu’en redoublant, que ses coups nous écrasent.

Je descendis chez madame de Verquin, elle m’en avait priée par sa dernière lettre, et se faisait, disait-elle, un plaisir de me revoir ; mais dans quelle situation juste ciel allions-nous toutes deux goûter cette joie ! elle était au lit de la mort quand j’arrivai, qui me l’eût dit, grand dieu ! il n’y avait pas quinze jours qu’elle m’avait écrit… qu’elle me parlait de ses plaisirs présens, et qu’elle m’en annonçait de prochains ; et voilà donc quels sont les projets des mortels, c’est au moment où il les forment, c’est