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dont les aveux eussent sans doute prévenu le funeste accident qui arriva.

Saint-Ange demanda permission à madame de Lérince d’être du voyage, et comme madame de Dulfort sollicitait également pour lui cette grâce, elle lui fut accordée.

Nous étions tous assez inquiets dans la société de savoir quel était ce jeune homme ; il ne paraissait rien ni de bien clair, ni de bien décidé sur son existence ; madame de Dulfort nous le donnait pour le fils d’un gentilhomme de province, auquel elle appartenait ; lui, oubliant quelquefois ce qu’avait dit madame de Dulfort, se faisait passer pour piémontais ; opinion que fondait assez la manière dont il parlait italien. Il ne servait point, il était pourtant en âge de faire quelque chose, et nous ne le voyions encore décidé à aucun parti. D’ailleurs une très-jolie figure, fait à peindre, le maintien fort décent, le propos très-honnête, tout l’air d’une excellente éducation, mais au travers de cela une vivacité prodigieuse, une sorte d’impétuosité dans